Conférence "Comment évaluer une photographie ?" avec Sylvie Hugues et Jean Christophe Bechet

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Conférence "Comment évaluer une photographie ?" avec Sylvie Hugues et Jean Christophe Bechet

Comment évaluer une photographie ?

Nos invités « experts » : Sylvie Hugues, Gil Rigoulet et Jean-Christophe Béchet 

NB : En cliquant sur le nom des intervenants, vous accédez à leur site internet.

Cette synthèse a été réalisée à partir de sources disponibles et des échanges de nos experts, notés dans les "avis". L'avis de galeriste n'engage que moi-même, Nathalie Atlan Landaburu, gérante de la galerie HEGOA. Ce compte-rendu n'a pas la prétention d'être exhaustif, ce sont des notions de bases et des conseils pour mieux évaluer une photographie.

Définition d’un tirage :

Comme la photographie est un médium duplicable, le marché a naturellement instauré des règles destinées à hiérarchiser les images selon leur degré de rareté.

Dans ce contexte, le tirage entre dans la catégorie "œuvre d’art" sous certaines conditions, notamment en France :

  • Il est tiré par le photographe ou sous son contrôle,
  • Il est signé (au dos ou au bas du tirage)
  • Il est numéroté jusqu’à 30 exemplaires en France selon la législation fiscale appliquée aux artistes (facultatif à l’étranger).

Avis d'experts : plus le nombre de tirages est faible, plus l'image est rare et plus sa valeur augmente. La tendance est à numéroter sur des chiffres impairs : 1,3, 5, 7 ou 9.

 

On distingue les tirages selon la date d’édition et l’origine du négatif.

Le tirage vintage, tirage contemporain à la prise de vue, fait par le photographe ou sous son contrôle direct.

Le tirage original fait à partir du négatif original, mais qui peut être fait postérieurement par le photographe ou sous son contrôle.

Les différents types de tirage :

 DAGUERREOTYPE

Le daguerréotype est un procédé photographique mis au point en 1839 par Louis-Jacques-Mandé Daguerre à partir de la découverte de l'héliographie par Nicéphore Niepce. Ce procédé photographique a permis, pour la première fois, de fixer les images à l'aide d'eau chaude saturée en sel marin.

COLLODION HUMIDE

Le collodion humide est une technique complexe à l’origine de la photographie développée il y a 150 ans par le Français Gustave le Gray, qui fut le premier à remplacer l'albumine par le collodion pour fixer l'émulsion sur le verre.

HELIOGRAVURE

L’héliogravure est basée sur le principe photochimique qui consiste à graver sur une plaque de métal une image, à l’aide d’une réaction chimique provoquée par la lumière du soleil, d’où son nom héliogravure.

CIBACHROME

Le procédé cibachrome fait partie des procédés de tirage argentique qui permettent de réaliser une épreuve sur papier à l’aide de trois couches émulsionnées, chacune sensibilisée en fonction d’une des trois teintes de la synthèse additive et contenant la teinte complémentaire de la synthèse soustractive.  

ARGENTIQUE - GELATIN SILVER

Un tirage gélatino-argentique est produit sur une feuille de papier recouverte d’une émulsion de gélatine contenant des sels d’argent sensibles à la lumière. On distingue deux types : les tirages RC ou plastiques (le papier RC a été beaucoup utilisé pour des tirages de lecture ou par les agences pour des tirages prêtés à la presse pour reproduction) et le tirage FB ou tirage baryté, plus noble qui contient du sulfate de baryum et des fibres de bois.Le  papier "enregistre" une image latente qui ne devient visible qu’une fois développée dans un bain chimique, le révélateur. 

VIRAGE SELENIUM

Le virage au sélénium est utilisé pour augmenter le contraste d’un tirage argentique, améliorer la conservation des images ou modifier la tonalité d’un tirage suivant le type de papier utilisé. Il donne également une très belle profondeur aux noirs.

TIRAGE FRESSON

Il existe en France un atelier de tirage au procédé charbon direct dirigé par Michel FRESSON et son fils Jean-François, petit-fils et arrière-petit-fils de l'inventeur, effectuant des travaux de renommée mondiale pour les musées photographiques, les archives nationales, les collectionneurs, certains photographes adeptes de nouvelles voies d'expression ou réalisateurs de commandes publicitaires.

TIRAGE NUMERIQUE

Le tirage numérique est produit par un fichier numérique (ou le scan d’un négatif) avec une imprimante soit à encres à colorants, soit à encres pigmentaires d'origine organique. Les molécules de ces pigments sont plus résistantes à la lumière, à l'humidité et aux gaz (l'ozone entre autres) que les pigments à colorants. 

 

Les différents supports :

 PAPIERS BARYTES

Le papier baryté est à l’origine un papier photo destiné au tirage argentique en noir et blanc. C’est un support épais qui offre une surface glacée très lisse et un blanc obtenu à partir de sulfate de baryum (ou baryte) qui garantit une plus longue longévité des tirages, sans jaunir. Il est aussi utilisé pour les tirages numériques.

PAPIER COTON

Le papier coton (tel que le célèbre papier Hahnemühle) est le grand classique pour la réalisation de tirages d’art noir & blanc et couleurs. Le couchage de ce papier permet une excellente netteté de l'image. 

 PAPIER JAPONAIS

Reconnu comme patrimoine immatériel de l’Unesco, la papier japonais, appelé « washi » au Japon, est issu de la fibre de murier. Cette méthode serait née au Japon il y a 700 ans, Les papiers peuvent être lisses, texturés ou avec des inclusions.

SUBLIGRAPHIE

La Subligraphie est une technologie de reproduction d'images de très haute qualité à chaud sur des matériaux durs, comme l’aluminium, apprêtés de plusieurs couches de vernis polyester. Il est l'un des procédés les plus durables et très résistant.

Conclusion :

Il n'existe pas de tirage ou de support idéal même si l'argentique est considéré comme plus noble et les images réalisées avec les procédés anciens sont rares. C'est au photographe de choisir le tirage et le support adaptés à ce qu'il veut transmettre et aux émotions qu'il veut partager.

La tendance du marché favorise les tirages limités pour augmenter le caractère unique et précieux des images.

 Ouvrage recommandé par Sylvie Hugues :

"Connaître et conserver les photographies anciennes" de Bertrand Lavédrine Editeur : Comité des travaux historiques et scientifiques 




Article publié le Mercredi 18 Avril 2018 par Alice Girard