DIALOGUE AVEC ALICE ENSABELLA : Quel est le modèle pour défendre les artistes émergents ?

Conférences
DIALOGUE AVEC ALICE ENSABELLA : Quel est le modèle pour défendre les artistes émergents ?

Bonjour Alice,

Nous reprenons notre série de 4 rencontres et nous sommes ravis de vous interroger à nouveau lors de ce troisième épisode. 

La galerie HEGOA défend des artistes émergents comme d’autres plus renommés, avec la même ferveur, ce qui n’est pas toujours facile économiquement.

Que pouvez-vous nous raconter sur l’histoire des galeries d’art et notamment celle de la rive gauche ?

Bonjour Nathalie,

Le fait de pouvoir soutenir économiquement des artistes émergents représente certainement un des défis les plus durs pour un galeriste. Au-delà de l’engagement économique qui en est à la base (sans garantie de réussite), chaque artiste qui intègre la galerie représente la risque de s’exposer aux jugements des critiques, des collègues et, surtout, de la clientèle, qui pourrait ne pas comprendre le choix du galeriste et donc perdre sa confiance en lui.

Les galeries de la rive gauche, à leurs débuts, avaient l’habitude de travailler avec un stock d’artistes connus qu’ils achetaient souvent aux enchères ou qu’ils recevaient en dépôt par d’autres marchands plus puissants de la rive droite. Jeanne Bucher avait par exemple ce genre de collaboration avec Kahnweiler, qui lui donnait des œuvres d’André Masson, avec lequel Kahnweiler avait un contrat d’exclusivité.

Les entrées garanties par cette activité de fond, garantissait à la galerie de pouvoir soutenir des artistes ou des mouvements émergents.

Certains cas étaient gagnants, comme ce fut le cas de Pierre Loeb qui, dans son soutien au Surréalisme, lança la carrière d’artistes phares du mouvement comme Joan Miró et d’Alberto Giacometti.

Pour d’autres, comme ce fut le cas de Léopold Zborowski, le fait de soutenir un artiste comme Modigliani (dont la cote explosa après sa mort en 1920) ne suffit pas à garantir la prospérité de sa galerie, qu’il devra fermer après la crise du 1929.

Alice Ensabella est docteur en histoire de l’art contemporain, spécialiste du marché de l’art français de l’entre-deux-guerres qui avait un de ces centres propulseur à Saint-Germain-des-Prés.




Article publié le Mardi 18 Février 2020 par Nathalie ATLAN LANDABURU
Thème : jeunes artistes