Un outil complet et original qui interroge la place de la femme dans l’écosystème photographique.
CONCLUSIONS
Les femmes sont majoritaires dans l’écosystème de la photographie, et à parité dans les métiers de la photographie, mais minoritaires dans le métier de photographe lui-même : les femmes sont là, mais concentrées dans les métiers moins visibles et moins souvent étudiés.
Par ailleurs, la nature des emplois occupés, concentrés sur des emplois permanents et à temps partiel, traduit des tendances similaires à celles des métiers de l’art et de la culture en général. Les femmes photographes et les candidatures
Dans la plupart des domaines étudiés, les femmes photographes sont moins souvent sélectionnées que les hommes : pour les bourses et résidences, les festivals, les prix, et les galeries. Les femmes sont aussi minoritaires parmi les photographes dont le travail est exposé en festival, récompensé par un prix photo ou édité sous forme de livre.
Les comportements de candidatures varient nettement en fonction des domaines. Les femmes photographes candidatent aussi souvent (voire davantage) que les hommes dans le cas des bourses et résidence, des prix, et des festivals. Dans ces domaines, les modes de sélection s’appuient sur des procédures fixes avec des règles explicites : appel à candidatures, liste de critères publiée, jury dont les membres sont connus.
La tendance s’inverse dès lors qu’il s’agit de contacter des galeries, des services médias ou achat d’art, où il n’existe généralement pas de procédure de ce genre : c’est aux photographes de trouver qui contacter et de venir présenter leur travail de manière spontanée. Et on observe que les femmes à ce stade sont alors beaucoup moins présentes.
Ainsi si le “taux d’audace” ne permet pas d’expliquer la disparition des femmes dans l’ensemble des domaines, l’analyse des comportements montre que les femmes photographes sont moins présentes dès l’étape de la candidature dans les domaines où la sélection se fait de manière informelle. Il apparaît ainsi que l’existence d’une procédure de candidature formelle peut faire la différence pour les femmes photographes dans certains domaines.
Le parcours du combattant
“Le parcours de combattante commence dès la sortie de l’école”, expliquent les co-présidentes des Filles de la Photo, premier réseau professionnel féminin dans la photographie, Chantal Nedjib et Florence Moll, agent de photographes. Si deux tiers des diplômés sont des femmes, elles sont seulement aussi nombreuses que les hommes à candidater pour une bourse ou une résidence.
Parmi les raisons pour expliquer ce recul, le fait qu’elles méconnaissent les mécanismes de sélection. Selon l’étude, elles sont en outre à peine 6% à être représentées en galeries contre 19 % les hommes.
“Les femmes photographes peuvent manquer de confiance en elles et vont moins facilement oser pousser la porte d’un agent ou d’un acheteur d’art”, confie Sabrina Ponti, agent de la photographe Frédérique Daubal dont le travail illustre avec force l’étude de l’Observatoire de la Mixité 2020.
“Souvent, la parentalité est mise entre parenthèses, et il arrive que les femmes y renoncent pour porter leurs efforts sur une carrière sans contrainte familiale”, affirme la sociologue Gabrielle Lavenir, chercheuse à Concordia University, à Montréal, en charge de la restitution. Avec un chiffre éloquent, 44% des femmes photographes ont au moins un enfant contre 71% des hommes.
Parité de l’étude
Soutenue par le ministère de la Culture et le groupe de luxe Kering, l’étude de l’Observatoire de la Mixité a interrogé en 2019, 18 responsables de galeries, 13 maisons d’édition, 10 festivals, 5 écoles de photographie... Ce sont en tout, 220 photographes répondants, autant de femmes que d’hommes.
Rendez-vous a été donné en 2021 pour un état des lieux chargé d’espoir.
Les Filles de la Photo ont déjà annoncé une première série d’actions sur leur site.