Mélanie Desriaux

" Ce jour-là, j’ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s’en trouverait changée. Mais rien de cette nature n’est définitivement acquis. Comme une eau, le monde vous traverse et pour un temps vous prête ses couleurs. Puis se retire, et vous replace dans ce vide qu’on porte en soi, devant cette espèce d’insuffisance centrale de l’âme qu’il faut bien apprendre à côtoyer, à combattre, et qui, paradoxalement, est peut-être notre moteur le plus sûr. " Nicolas Bouvier, L’usage du monde. La recherche de Mélanie Desriaux interroge l’altérité de l’Homme sous le prisme d’une approche documentaire mêlée à la narration. Et plus particulièrement, le désir du sauvage comme conquête de la réalité. Elle utilise la photographie comme un outil d’arpentage et de convocation du réel. Elle s’attache à dépasser le spectacle du voyage et de l’exotisme pour interroger ce qui constitue un territoire et l’émergence de l’altérité ; ce qui favorise la fabrication d’une esthétique singulière. Mélanie Desriaux amorce des histoires. Soudée aux choses et ouverte à leur autre, elle documente de manière elliptique. Pour elle, la photographie est avant tout une construction mentale. Prendre la route, c’est fantasmer une nature sauvage, changer ses repères, ses habitudes, réévaluer ses perceptions, aller vers ses peurs pour révéler les contours de ce qui nous   limite dans un quotidien où la problématique de la frontière est prégnante. Alors l’expédition soulève des enjeux métaphysiques, des réflexions politiques, écologiques, et le voyage prend une épaisseur inattendue. Lauréate du V.I.F - Vincennes Images Festival - en mai 2019  

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