Monographie de Matthieu Chazal
Les préfaces ont été rédigées par Mathias Enard et Paul Salopek et la postface par Aurélia Coulaty.
Présentation :
Au carrefour des anciens et nouveaux empires, Levant traverse le Bosphore qui relie mers Noire et Méditerranée, frontière géographique entre Orient et Occident.
Levant explore d’Est en Ouest – des Balkans au Caucase, d’Ukraine à l’Iran, l’Irak, la Syrie et au-delà – les dilemmes d’une vaste région de confluences et de tensions culturelles où se déroulent plusieurs théâtres de guerre.
Levant longe les tourments du passé inscrits dans la mémoire des paysages : les cités antiques grecques sur les côtes turques, les églises arméniennes abandonnées autour du Mont Ararat, les tombes qui s’alignent par milliers au cimetière de Srebrenica sont autant de traces d’une histoire violente. La guerre revient : les djihadistes ravagent l’Irak et la Syrie, terrorisent les capitales européennes ; la Russie de Poutine assiège les frontières orientales de l’Europe. Les horizons penchent, la terre tremble, l’onde de choc traverse toute la péninsule.
Tourments passés et contemporains donnent au récit du Levant sa voix et son rythme, et tracent, depuis une quinzaine d’années, l’itinéraire du photographe. Sur son chemin : la crise migratoire - corps jetés en Méditerranée et sur la route des Balkans – l’intégrisme islamique en Iran, les tensions au Caucase, les guerres en Irak, en Syrie, en Ukraine.
Sur ces territoires, Matthieu Chazal photographie la dualité, les contraires : il y a la tension qui précède l’action, la brutalité des combats, les accalmies. Entre deux feux, on maintient un semblant de vie ordinaire : on se marie encore, on va au cimetière, à l’école, au marché, aux bains ; on se rassemble et circule, on rit, on pleure.
Levant se compose de scènes de la vie quotidienne, de champs et de friches, palais et ruines, costumes chatoyants et uniformes austères, frontières cadenassées et laissez-passer, impasses, confins, horizons. A hauteur d’hommes, Matthieu Chazal laisse place à la spontanéité des personnages qui entrent dans le cadre, à la disparité de leurs sentiments et passions. Il capture à la volée des péripéties anodines et modestes, des presque-rien qui donnent au récit une dimension théâtrale. Ici se jouent la violence et la trêve, l’aventure, l’errance, l’attente, l’équilibre fragile entre ordre et désordre, entre vie et mort.
Edité par Odyssée
Impression Esourbiac
Caractéristiques :